Las Toreras

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La mère de Jackie, originaire d'Espagne, s'installe à Zurich après avoir épousé son père, un psychologue suisse. Seul le frère aîné de Jackie garde des souvenirs d'elle : atteinte d'une maladie psychique qui entraîne des hospitalisations fréquentes alors que ses enfants sont encore en bas âge, elle se suicide en 1987. Dans le documentaire Las toreras, la réalisatrice, artiste, musicienne et performeuse Jackie Brutsche se penche sur cette biographie douloureuse. Au cours du film, elle dépoussière certains secrets de famille, consulte documents écrits et photos, mène des entretiens avec son père, son frère et sa grand-mère en Suisse ainsi qu'avec des membres de sa famille en Espagne. En outre, elle endosse le costume de son alter ego imaginaire Jack Torera, un personnage de cowgirl qui se rend en Espagne, est sujette à des visions et interagit avec d'autres figures symboliques – bien que les stratégies documentaires modernes aient toutes nos faveurs, nous nous sommes parfois demandé si cette astuce artistique portait vraiment ses fruits. En revanche, les interprétations étonnement divergentes, relevant de manière presque stéréotypée de spécificités culturelles, que l'on donne ici et en Espagne de ce triste destin, sont tout à fait passionnantes. En tout cas, il s'agit d'une contribution forte au genre du documentaire autobiographique, qui depuis plusieurs décennies a le vent en poupe en Suisse.

The two universes – that of her mother, who suffered with mental illness for many years, and which needs to be wholly reconstructed, and the fictional world of a strong female bullfighter who’s nonetheless frightened by what she discovers during her pilgrimage – coexist in the film in a surprisingly coherent way. Both a daughter and an artist, a character within the story she’s telling and a keen investigator, Jackie Brutsche allows the truths of each individual to coexist in her film so as to piece together a puzzle which is as complex as the illness her mother suffered from.

Eine Familiengeschichte, wie man sie in dieser künstlerischen Herangehensweise noch eher selten erfahren konnte. Leichtigkeit und Abgründe halten sich die Waage. Man taucht ein in verschiedene Perspektiven, die unterschiedliche psychologische Auseinandersetzungen beleuchten, die eine kulturelle Wahrnehmung von Familie und die Rolle von Frau- und von Muttersein aufdecken und hinterfragen. Wo beginnt Fiktionalisierung und wo die persönliche Interpretation? Wie kann mit Selbst- und Fremdwahrnehmung umgegangen werden? Wann kann Verdrängung eine Überlebensstrategie sein? […] Jackie Brutsche entwickelt durch Kunst, Musik und Performanz - und einer gekonnten Montage - eine kreative Distanz zur eigenen Geschichte. Diese lässt uns Zuschauer:innen im Nachhinein zu Familienverhältnissen, Kulturunterschieden und Tabus – sprich Suizid in der eigenen Familie – Worte finden und im besten Falle vielleicht schmerzhafte Verkrustungen abheilen.